VI

Cette nuit-là, Eyre s’éveilla après un sommeil que n’était venu troubler aucun rêve. Il se leva, but un peu d’eau et se rendit à l’unique fenêtre pour contempler le paysage nocturne. Les étoiles brillaient ; par-delà les murs, le fleuve et la ville étaient constellés et zébrés de lumière.

Une zone pavée s’étendait entre les hauts murs de pierre et le bâtiment où il vivait. Des projecteurs étaient braqués en permanence. Une tourelle se dressait au coin de la muraille, ainsi que le bras d’un agent de la circulation qui fait signe de s’arrêter. Il y avait deux hommes armés de fusils et une mitrailleuse.

Il fut surpris, mais pas vraiment bouleversé, de voir le léocentaure femelle dans la cour. La lumière faisait resplendir son tronc blanc, ses longs cheveux sombres et son corps fauve. Elle lui souriait et agitait doucement la main.

La dernière fois qu’il l’avait vue, c’était sous la forme d’une sorte de soucoupe volante qui voletait devant sa fenêtre. Son corps tournoyant avait émis un son, qu’il avait interprété comme un adieu. Mais il s’était trompé. Elle était toujours là, pour veiller sur lui. Comme une mère veille sur son enfant.

Dans la tourelle, un garde poussa un cri. Le léocentaure fit un écart quand les balles s’écrasèrent sur le pavé, puis disparut sur la droite. Un instant plus tard, la mitrailleuse ouvrit le feu, pour s’arrêter presque instantanément. La fusillade cessa définitivement, cédant la place à une grande excitation.

Trois quarts d’heure après que les gardes et les chiens eurent cessé d’arpenter la cour pavée, le visage de Tincrowdor apparut sur l’écran de télévision.

— Jusqu’à cet instant, j’étais une sorte de saint Jean-Baptiste qui œuvrait pour le compte d’un messie mystérieux, dit-il. La foi brillait par son absence. Mais maintenant, ils croient ! Ils ont deux témoins visuels, mais surtout, des photographies ! La tourelle est équipée d’une caméra, tu sais. Non, tu ne peux pas le savoir. Quoi qu’il en soit, ils ont des clichés.

Le premier montrait le léocentaure en train de s’enfuir. Sur le troisième, il bondissait dans les airs. A cinq mètres de haut, pour le moins, se dit Eyre. Sur le cinquième, on ne voyait qu’une forme floue et oblongue. Le cliché suivant était également assez flou, mais il était indéniable que l’objet en question avait une forme de soucoupe volante. Sur la dernière photo, la soucoupe était prise dans le faisceau d’un projecteur.

— Apparemment, elle ne se sentait pas en danger, dit Tincrowdor. Sinon, le garde aurait succombé. Bien sûr, il se peut que l’adulte ne soit pas capable de tuer à l’aide de ses facultés psy. Ce qui signifie que tu ne serais plus en danger pour personne. Cela ne veut pas dire que tu ne constitueras plus une menace.

« Ce qui me fait croire que la forme adulte ne peut plus tuer, c’est que tu n’as pas tué les gardes. Toi, enfin, la chose qui est en toi, a dû vouloir protéger sa mère ; dans ce cas, pourquoi n’a-t-elle rien fait ?

« Est-ce qu’il y a des éléments qui nous échappent ? »

Eyre s’interdit de montrer la joie que lui procurait l’annonce de la fuite de la mère. Il dit :

— Que va-t-il se passer, à présent ?

— Je n’en sais rien. Je crois qu’ils vont mettre la Maison-Blanche au courant des événements. Ils se sont montrés très discrets jusqu’à aujourd’hui. Très peu d’officiels savent qu’un homme est détenu sans avoir été présenté à la justice, au mépris des droits les plus élémentaires. Et ceux qui connaissent le fin mot de l’histoire sont encore moins nombreux. Mais maintenant qu’ils détiennent des preuves que les sujets les moins imaginatifs ne peuvent réfuter, il va leur falloir informer la plus haute autorité de ce pays. Cela risque de prendre quelque temps pour parvenir à le convaincre.

Ce que tu ne dis pas, pensa Eyre, c’est que tous les gens qui sont au courant vont en crever de trouille.

Et ce matin-là, alors qu’il faisait encore sombre, il se déshabilla et s’allongea sous le lit. Il en ressortit un peu plus tard, faible, tremblant, apeuré. Il avait abandonné à mi-chemin. Il resta longtemps couché, se tournant en tous sens et ne cessant de se traiter de poltron. Mais d’un autre côté, il était heureux de constater que quelque chose en lui avait refusé de devenir non-humain. Il finit par s’endormir, pour ne se réveiller qu’à dix heures trente. Il prit son petit déjeuner et lut plusieurs pages d’un livre consacré à une tribu de Nouvelle-Guinée. Il lisait beaucoup, ces temps-ci, pour tenter de rattraper le retard accumulé au cours de toutes ces années où il ne s’était intéressé qu’aux sports et aux nouvelles locales.

Il venait tout juste de commencer à arpenter la pièce, quand l’écran de télévision s’alluma. Tincrowdor lui dit :

— C’est la dernière fois que je viens te voir, Paul. Ici, en tout cas. Je laisse tomber. Je ne veux plus avoir affaire à ces gens. Ou à toi. Je n’en peux plus, tu comprends ? Je suis déchiré entre ma conscience et ce que je crois, en toute logique, qu’on devrait faire de toi. Ce dernier incident a fait déborder le vase. D’accord, l’idée vient de moi, mais cela m’a dégoûté lorsqu’ils l’ont mise en pratique.

— De quoi parles-tu ? demanda Paul.

Une personne située hors champ dit alors quelque chose à Tincrowdor. Il se mit à ricaner :

— Qu’est-ce que ça peut bien foutre ?

Puis il se tourna vers Eyre :

— J’ai imaginé de libérer le gaz empoisonné à l’aide d’un contrôle à distance. Ils ont installé une telle machine. Deux, en fait. Le capteur qui te surveille en permanence devait envoyer un signal radio à une machine installée à Washington dès l’instant où il détectait la lueur sous le lit. La machine devait alors émettre un signal destiné à ouvrir les valves des bouteilles de gaz. Ils avaient tout arrangé pour qu’aucun être humain ne soit impliqué dans ton empoisonnement. Ainsi, il n’y aurait pas de victime de leur côté.

Il toussota, parut gêné et ajouta très vite :

— Si j’ai fait cela, Paul, c’est parce que je suis un être humain ! Je veux que l’humanité survive ! Sous sa forme humaine. Cela vaut mieux que tout, finalement. De toute façon, je ne croyais pas que l’on parviendrait à te tuer, et j’ai voulu savoir si j’avais tort ou non. J’espérais bien avoir tort, mais en même temps, je souhaitais ardemment le contraire. Est-ce que tu peux me comprendre ?

— Je suppose que je ferais la même chose si je me trouvais à ta place, dit Eyre. Mais tu ne peux pas t’attendre à ce que je me montre sympathique envers un homme qui a essayé de me tuer.

— Je ne m’y attends pas, mais je n’ai pas plus de sympathie envers moi-même, si tu veux le savoir. En tout cas, voilà ce qui s’est passé. Dès qu’il y eu la lueur sous le lit, le capteur a envoyé le signal à Washington, mais le signal de retour n’est jamais arrivé. Les deux machines ont pris feu. Il semble que les circuits aient été surchargés et qu’il y ait eu un court-circuit.

— Tu peux essayer tant que tu voudras, tu n’y parviendras jamais, dit Eyre.

Il fut surpris de s’entendre dire cela. Il n’en avait pas eu l’intention. Était-ce la chose en lui qui avait parlé ? Ou bien, est-ce que leur union, leur fusion, comme disait Tincrowdor, était presque achevée ?

— Écoute, Paul ! cria Tincrowdor. La vitre résiste aux chocs mais tu peux passer à travers. Leur plan, c’est.

Une main fut plaquée sur la bouche de Tincrowdor. Polar et Kowalski apparurent dans le champ, puis ils entraînèrent au loin Tincrowdor qui tentait de se dégager.

Eyre souhaita la mort de Polar et de Kowalski, mais Polar revint un instant plus tard. Eyre était content de ne pas l’avoir tué. Peut-être valait-il mieux qu’il ne pût pas contrôler ses pouvoirs. La responsabilité et la faute ne lui incombaient pas.

— Eyre, je vous assure que nous n’avons plus aucun plan, dit Polar d’un ton suraigu. Pas contre vous, de manière positive, je veux dire. Nous savons que nous ne pouvons rien vous faire. Nous allons simplement vous garder ici jusqu’à ce que nous ayons trouvé une solution satisfaisante, avec la grâce de Dieu.

Polar mentait, c’était évident.

Alors, oubliant dans un accès de fureur sa joie de l’instant précédent, Eyre se mit à hurler :

— Crève ! Crève !

Polar poussa un cri d’horreur et s’enfuit en courant. Une seconde plus tard, l’écran s’éteignit. Eyre cessa de rire et s’allongea sur le sol. Il ferma les yeux, mais les rouvrit presque instantanément. Cette fois-ci, la lueur ne venait plus de sa peau mais des profondeurs de son être. De plus, elle émettait des pulsations.

Et à nouveau, ce fut l’horreur. Et la métamorphose se produisit si rapidement que sa tête en aurait éclaté – s’il avait eu une tête. En un éclair, il s’était tassé sur lui-même, et il avait changé.

Il s’éleva au-dessus du sol en émettant une sorte de bourdonnement. Il tournait sur lui-même, ou du moins, c’est ce qu’il lui semblait, parce qu’il n’avait aucune impression de vertige. Bien qu’il n’eût pas d’yeux, il pouvait voir. Autour de lui, la pièce n’était plus un cube, mais une sphère noire. Les meubles étaient des sortes de boules violettes. Les fils électriques courant à l’intérieur des murs étaient des spirales de lumière discontinue. La fenêtre était hexagonale, les projecteurs émettaient des lueurs mauves. Les étoiles avaient des formes et des couleurs des plus variées.

Il n’avait pas de mains pour toucher sa carapace, et pourtant, il se sentait doté d’un sens entièrement nouveau. La carapace était bien plus résistante que l’acier, tout en étant aussi souple que du caoutchouc.

Il pensa « En avant », et la vitre antichoc vola devant lui en éclats qui retombèrent comme des comètes à la verte chevelure. En touchant le sol jaune de la cour, ils prirent une teinte brunâtre.

Il aurait crié de joie s’il avait eu une voix. Il eut seulement l’impression qu’une minuscule étincelle électrique le traversait de part en part. Elle émit une brève lueur, puis disparut.

Où étaient passés ses yeux, ses oreilles, ses bras, ses jambes, sa bouche, ses parties génitales ? Qui s’en souciait, au fait ? Pas lui, en tout cas, et il s’éleva dans les airs presque à la verticale. Ce changement de position lui procura la vision d’une sorte d’éclair de couleur écarlate. Il marchait dessus. Sous lui, les balles de la mitrailleuse formaient des pyramides orange, qui tiraient vers le brun quand la gravité les ramenait vers la Terre. Puis elles se changeaient en hexagones plats au moment où elles touchaient le sol.

Les petits enfants aiment à s’amuser, et Paul Eyre s’amusa longuement. Il montait et redescendait, rasait les champs pour remonter aussitôt vers la haute atmosphère, où le soleil était d’azur et l’espace de vert, descendait à nouveau, et l’air courait autour de lui comme la neige sur un écran de télévision, puis plongeait dans un fleuve, parmi les eaux couleur sang, les poissons de pourpre sombre et les algues beiges pareilles à des tours de Babel retournées. Et à nouveau, c’était la montée vers les nuages, semblables à des champignons d’un bleu céruléen.

Il n’était pas fatigué, il n’avait pas faim. Qu’il vole ou se repose, il se « nourrissait ». Il ne comprenait pas comment, pas plus qu’un sauvage qui ingurgite de la viande ne peut comprendre comment elle se transforme en muscles et en énergie. Tout ce qu’il savait, c’est que la bouche qu’il n’avait pas mâchait et dévorait les photons et les gravitons, les chronotons, les ondes hertziennes et les lignes de force. Quand il serait dans l’espace, il se nourrirait de tout cela, sans oublier les rayons X. Sa bouche était sa carapace.

Le spécialiste de la mécanique qu’il avait été aurait pensé que la surface de sa carapace était trop petite pour absorber une énergie suffisante à sa survie. Mais il savait à présent qu’il ne pourrait jamais absorber autant d’énergie qu’il n’en consommerait.

Il venait de tracer une courbe ascendante et de laisser dans son sillage des millions de piquants de porc-épic de couleur saphir, quand il vit sa mère. Elle allait trois fois plus vite que lui ; c’était une sorte de croix ansée rayée d’écarlate et de bleu, qui abandonnait derrière elle des particules d’énergie jaunes en forme d’étoile de David. Elle ne ralentit pas, poursuivit son ascension et lui murmura – c’est du moins ce qu’il lui sembla – qu’il devrait la suivre. Elle aurait tant aimé qu’il l’accompagnât. Mais peut-être ne le souhaitait-il pas, et elle lui adressa un adieu et un bonjour.

— Qu’allons-nous faire maintenant, mon frère ? dit-il de sa non-voix.

Son frère ne lui répondit pas. La petite chose jaune en lui, c’était lui ; son frère, c’était lui, et il était son frère.

Il fit demi-tour et fonça vers la planète, qui ne formait qu’un entrelacs mouvant de triangles et de cubes. Il se mit en orbite et accéléra, comme si cette forme circulaire constituait le moyen de parvenir à une décision.

Ce qui était le cas, d’ailleurs.

Station du cauchemar
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